Objectif Autonomie
Collectif antivalidiste et antipsychiatrie contre l’enfermement sous toutes ses formes. Liberté et autonomie pour toustes!
Portrait d’un business de l’enfermement

Entretenir la dépendance, c’est ce qui permet aux associations gestionnaires et aux institutions de légitimer leur existance. Cela passe par plusieurs mécanismes: une lutte active contre la mise en accessibilité des lieux, et toutes les tentatives d’autonomisation des personnes handicapées; un maintien artificiel sous le seuil de pauvreté; des chaînes solides entre les lieux d’éducation, de vie, de travail et de « soin ».

Une association gestionnaire, qu'est ce que c'est? Une association gestionnaire (dans le domaine du handicap) est une association qui possède et gère un ou des établissements / services médico-sociaux (ESAT, MAS, FAM...) et qui reçoit de l'argent de l'état pour ça. Le secteur du handicap est géré à 80% par ces assos. Leurs intérêts différent de ceux des personnes handicapées: les associations gestionnaires profitent de l'institutionnalisation. Elles soutiennent les projets d'habitat inclusif qu'elles contrôlent. Quand on vit dans leurs institutions, on ne choisit pas où on vit, avec qui, qui nous soigne et comment, ce que l'on fait et à quoi on a droit. L'ONU réclame la fermeture des établissements spécialisés. Si l'environnement n'est pas accessible à une personne handicapée (services publics, transports publics, sorties et loisirs...) les seules alternatives proposées sont les instituts spécialisés. Ces personnes étant regroupées dans les seuls espaces adaptés, l'accessibilité en "milieu ordinaire" n'est jamais une priorité politique, malgré l'atteinte à nos droits humains qu'est la séparation des valides et des handicapés. C'est un cercle vicieux. (ESAT, MAS, FAM, IEM, foyers de vie, classes ULIS, habitats inclusifs...). Quelques chiffres: première loi pour l'accessibilité universelle: 1975. Plus de 300 000 adultes en institution en France. Plus de 150 000 enfants. Plus de 110 000 personnes en ESAT.=Les associations gestionnaires sont facilement confondues avec les associations qui militent pour les droits des personnes handicapées. C'est un flou volontaire et entretenu de leurs parts: beaucoup de personnes qui partagent leurs contenus pensent relayer la parole des concernés. Il est important de toujours vérifier si l'association que l'hon souhaite relayer gère des institutions. Même et surtout si elle organise des actions militantes et des manifestations. Les associations gestionnaires les plus connues: APF France Handicap, 428 établissements et services sociaux et médico-sociaux, 96 délégations, 25 entreprises adaptées. UNAPEI: plus de 3000 institutions, 600 ESAT. ADAPEI: Affiliées à l'UNAPEI, branches départementales, chacune dirigeant entre 10 et + de 50 établissements. Simon de Cyrène: environ 20 maisons en habitat partagé handicapé valide. La croix rouge: 44 établissements et services pour enfant et ado, 39 pour adultes, 8 ESAT. UNAPH 50 établissements de tout type. Le clos du nid lui est affilié.Article 1er de la loi du 11 février 2005: cet article permet aux associations gestionnaires de se présenter comme représentantes officielles des personnes handicapées auprès de l'état, à la place des concernés et des associations de personnes handicapées. Les rapporteurs et le comité des droits des personnes handicapées de l'ONU affirment que cette loi n'est pas conforme avec la Convention Internationale des Droits des Personnes Handicapées, ratifiée par la France en 2010. Citation de Catalina Devandas-Aguilar (2017): "Il est essentiel de prendre directement en compte la voix et l'avis des personnes handicapées, lesquelles sont insuffisamment représentées dans les processus décisionnels actuels." Citation de Jonas Ruskus (2021): "L'article 1er de la loi de 2005 crée la confusion et des conflits d'intérêts. Il permet aux associations gestionnaires du secteur médico-social, et non aux organisations représentatives des personnes en situation de handicap, d'exercer une influence prépondérante sur les politiques publiques en matière de handicap".

La confusion entre associations gestionnaires et associations militantes pour les droits des handis est entretenue par leur réunion dans des comités interassociatifs et délégations aux noms évoquant du militantisme. Les associations gestionnaires y sont ultra majoritaires: Collectif Handicaps, Comité National Consultatif des Personnes Handicapées, Comité National Coordination Action Handicap, Conseil Français de Personnes Handicapées pour les affaires Européennes et Internationales, Collectif des Associations de Personnes Handicapées du Finistère, Collectif Handicap 35, et bien d'autres collectifs associatifs déparementaux. Ces comités sont consultés par l'état lors de la rédaction de lois à propos des personnes handicapées. L'état peut ainsi donner l'impression d'écouter les personnes handicapées et les associations gestionnaires peuvent performer du militantisme.Les associations gestionnaires se sont autoproclamées défenseures des droits des personnes handicapées, tout en étant responsables d'atteintes graves à leurs droits. Comment gardent-elles cette image auprès des médias, du grand public et même des personnes handicapées? Elles ne parlent jamais des appels à la fermeture de leurs établissements par les instances internationales comme l'ONU ou le conseil de l'Europe. Mais elles relayent leurs critiques de l'état français. Elles récupèrent les actions de la communauté handie qui gagnent en visibilité et communiquent à ce sujet comme si elles les avaient organisées. Leurs moyens très importants invisibilisent les structures militantes plus faibles en force humaine, en budget et en visibilité. Elles interpellent les institutions remarquées pour leurs violences par les médias, en se plaçant comme justicières plutôt que complices. Les différences entre associations de consernés, de parents et de gestion de service ne sont pas acquises par les médias et le grand public.La communication cynique des associations gestionnaires crée la confusion entre elles et les associations militantes gérées par et pour des personnes handicapées. L'histoire de l'APF est remplie de sabotages et de faux semblants, par exemple. L'appel des 100: en 2014 l'APF organise une manifestation contre un projet de loi qu'elle a acceptée sous forme d'ordonnance, empêchant toute opposition parlementaire. L'accessibilité obligatoire est reportée de 3, 6 et 9 ans. Exclusion d'adhérentes militantes: plusieurs élus handicapés de l'APF ont organisé des actions contre la loi ELAN, mais la direction a tout fait pour les saboter. QUand ces militants se rebellent contre le CA et la direction, elle décide d'exclure ces adhérentes trop exigeants. L'APF est condamnée en cassation en 2018. Simulacre de compromis: lors de la conception de la loi ELAN, l'APF n'a pas contesté le principe d'un quota de 10% au lieu de l'acquis de 100% de logements neufs accessibles. Elle s'abote les actions de ses adhérentes et parlemente en tant que représentante des handis. Elle "négociera" 20% de logements neufs accessibles et le présentera comme une vistoire. Récupération et invisibilisation: l'APF ne se mobilise pas pour le projet de loi de déconjugalisation de l'AAH et n'organise aucun rassemblement. Elle souhaite cependant prendre la parole lors de ceux organisés par Act Up Paris, qui lui refuse le 13 juin. Cela ne l'empêchera pas de présenter ces manifestations sur ses réseaux sociaux comme si elle en était l'organisatrice.Les associations gestionnaires out tout intérêt à être consultées en priorité par le gouvernement quand il s'agit de nos vies. C'est une stratégie qui leur permet de négocier leurs intérêts plutôt que le respect de nos droits. "Parlons du manque de places dans les établissements!" Dernier échange à ce sujet avec le gouvernement en juin 2021. Construction d'habitats inclusifs, qui sont des institutions plus petites mais présentées comme alternative à l'institutionnalisation. "On peut parler de la déconjugalisation de l'AAH et de la loi ELAN, mais on s'en fiche un peu..." Engagement dans la lutte pour la déconjugalisation de l'AAH très tardive, pas de réaction au quota passant de 100% à 10% de logements neufs accessibles lors des entretiens avec le ministère. "Non non, il ne faut pas organiser la désinstitutionnalisation". Citations régulières de la CCNDH plutôt que la CIDPH, qui ne définit pas l'institutionnalisation comme de la ségrégation et de la privation de droits. Outrage lors des critiques de l'ONU.Les médias gérés par l'APF: l'APF ne s'est pas seulement autoproclamée représentante des personnes handies auprès de l'état, elle a aussi crée ses propres médias traitant du handicap. Elle renforce ainsi sa présence médiatique et s'impose comme source journalistique perçue comme indépendante et objective, avec Faire Face et Roue Libre. Il est donc facile de parler du rapport de l'ONU concernant l'irrespect des droits handis en France en omettant tous les rappels à l'ordre et les critiques qui lui sont faits. Son projet récent de chaine twitch 'play to give' rentre dans sa tradition de charité publique dénoncée par les militantes handicapées depuis 1975 (mouvement de défense des handicapés contre les quêtes de l'APF).

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